Le XV de France compte sur la venue du Pays de Galles pour passer des claques au déclic samedi (18h00) au Stade de France, en habillant le résultat de la manière pour croire, enfin, à des jours meilleurs.
Ils le rabâchent, il ne manque qu'un rien pour basculer du marasme à la confiance éclatante. Mais ce rien, aussi ténu soit-il, change tout au sein d'une équipe de France incapable depuis trois ans d'offrir un lendemain aux succès encourageants.
Il faut gratter pour trouver quelques raisons de s'enthousiasmer en ce début de Tournoi des six nations, tiraillé entre la maussade victoire contre l'Ecosse (15-8) - qui nous jure-t-on n'était pas si maussade - et la frustrante défaite en Irlande (18-11).
A Dublin, l'occasion était pourtant parfaite de faire partir le train vers le Mondial en décrochant un succès fondateur à l'extérieur.
Puis, patatras, on y a vu des Bleus engoncés dans leurs inhibitions, jouant petits bras, effrayés dans les petites comme les grandes largeurs et se réfugiant dans les gros biceps d'un Mathieu Bastareaud surexploité. Et même l'injection de muscles dans la dernière demi-heure, pourtant nettement revigorante, n'a pas suffi à tout renverser.
Alors, la venue de Gallois que Philippe Saint-André n'a jamais battus depuis sa prise de fonctions début 2012 offrira-t-elle ce coup de fouet ?
"C'est ce qu'on attend tous, répond Patrice Lagisquet, l'entraîneur des arrières. On a le sentiment qu'on pratique un rugby de plus en plus complet et on trouve des constantes dans ce qu'on montre."
"Maintenant, c'est du domaine du mental, de la volonté du groupe, il faut que ça devienne une équipe qui a foi en elle", plaide-t-il encore.
- S'affranchir des complexes -
Pour le capitaine Thierry Dusautoir, il est en effet temps de s'affranchir des complexes inhérents, selon lui, à la mentalité française.
"Je pense que physiquement, techniquement, les joueurs n'ont rien à envier aux autres nations, clame-t-il. Ils doivent arriver à se libérer de cette pression pour réussir ces gestes simples et qui font la différence."
Et comme confiance et fidélité puisent dans le même terreau, l'encadrement attend cette fois que leurs troupes collent aux consignes d'avant-match et aillent chercher les extérieurs, plutôt que de s'enferrer dans un rugby étriqué. Car en panne de repères, et privés d'éléments d'expérience comme Pascal Papé et Nicolas Mas, ce XV de France retombe vite dans des schémas restrictifs, débitant un jeu lénifiant et prévisible.
Pour lutter contre cet endormissement, les entraîneurs ont changé quatre joueurs des lignes arrières. Parmi lesquels, le demi de mêlée Morgan Parra qui a une chance rare de prouver que son expérience (26 ans, 58 sél.) et son charisme en font un patron naturel de cette équipe, à condition de le vouloir.
Le retour de Brice Dulin à l'arrière devrait permettre de retrouver un peu d'assise sur les ballons aériens. Le Racingman est aussi en charge de dynamiter l'attaque ronronnante des Bleus, en compagnie de deux entrants, l'ailier Sofiane Guitoune et le centre Rémi Lamerat.
Il faudra au moins soutenir la comparaison avec la puissante ligne de trois-quarts galloise, "à la fois jeune et expérimentée", comme le souligne Lagisquet. "C'est impressionnant. On se dit qu'ils n'ont pas fini de briller au niveau international."
"L'ailier George North va fêter sa 50e sélection et il n'a que 22 ans. Ca dit tout", appuie Dusautoir.
Le pays de Galles de Warren Gatland, auteur du Grand Chelem en 2012 et "simple" vainqueur en 2013, semble un peu en ralentissement après une année 2014 sans relief et une entrée dans le Tournoi marquée par une défaite à Cardiff contre l'Angleterre (21-16) puis un court succès en Ecosse (26-23).
Mais ce XV du Poireau dont l'effectif est très stable, se connaît parfaitement, en attaque comme en défense.
La dernière fois que le XV de France a réussi à lui infliger un essai, c'était en demi-finale du Mondial-2011, pour l'emporter 9-8. Il ne restera que deux témoins de ce succès chez les Bleus au coup d'envoi samedi. Symbole d'un difficile passage de témoin entre deux générations.
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